En 2014, j’avais adoré le Challenge Vichy alors je m’étais inscrit pour l’édition 2015 de ce triathlon XXL dès l’ouverture des inscriptions à l’automne. Mais, en janvier dernier, j’ai eu la mauvaise surprise de voir cette épreuve passer sous le giron de la WTC et devenir un Ironman labellisé, la même mauvaise surprise que celle connue au printemps 2014 lorsque le Challenge Barcelona est devenu Ironman Barcelona. Pourtant cette fois-ci, j’ai choisi de faire confiance à Gaël Mainard (pour limiter le drafting notamment) et de ne pas annuler mon engagement.
J’ai déjà parlé dans deux autres articles de mes ambitions (sic) avant cet Ironman Vichy 2015 et de mes impressions après ce triathlon XXL alors pas la peine de revenir dessus et place au récit du weekend.
Vendredi, arrivée à Vichy en milieu d’après-midi après un trajet tranquille à travers la Dombe et le Beaujolais Vert. Il fait chaud, même très chaud sous les tentes de l’expo alors, après un rapide retrait des dossards, je ne m’attarde pas et file m’installer au CREPS voisin pour le weekend (NB pour ceux que çà pourrait intéresser pour 2016: hébergement pas cher à l’emplacement idéal mais confort spartiate et WIFI en rade dans tous les bâtiments). Pasta-party en soirée. Quelques mots avec François Simon. Très sympa.
Samedi, il fait une chaleur à crever dès le matin avec un ciel bleu azur toute la journée. Pas de Camille à encourager cette année alors journée de glande dans ma chambre calfeutrée pour ne pas laisser entrer la chaleur. Lire, manger, faire des micro-siestes et prendre régulièrement des douches froides pour ne pas surchauffer. C’est chiant et il me tarde d’être à demain. A demain soir surtout…
Vers 19h, dépôt du vélo et des sacs bike et run au parc de transition. Comme l’an dernier, c’est super bien aménagé, bien organisé et rapide. Rien à dire. Quelques mots sympas avec Arnaud, très zen avant son baptême sur la distance. Chapeau mec ! Pour moi, ce sera le 15e mais je flippe encore à chaque fois…
Petite escale express à l’hypermarché du coin pour acheter de quoi manger et de la crème solaire pour le lendemain. Puis retour au CREPS avant 4 ou 5h de sommeil. Très correct pour une nuit d’avant course.
Dimanche, réveil vers 4h du matin avant la sonnerie. Préparation matinale désormais habituelle avec deux banane, deux flapjacks, un comprimé de Sporténine et un red bull dilué. Vers 6h, je quitte le CREPS à pied dans l’obscurité (pas con de prévoir une lampe de poche pour ceux qui voudraient faire çà l’an prochain) et, un quart d’heure plus tard, je suis au parc de transition.
Il fait encore nuit mais la température de l’air est déjà chaude. La journée s’annonce… torride (sic). L’eau est annoncée à 23,6°C (mince alors, moi qui voulais une natation sans combi !…. ahahaha). Comme l’an dernier, l’ambiance est studieuse mais détendue dans le Palais du Lac. Un triathlète croate m’enduit le dos de crème solaire (m’est avis qu’il a eu peur que je demande à sa copine…). Je suis prêt. Yapuka.
7h, départ de ma vague (la troisième).
Natation : des fois, on se demande à quoi çà sert de s’entraîner…
Environ 400 concurrents dans ma vague, celle des bonnets bleu clair et des bonnets dorés AWA (kezako?). Pour ne pas refaire la même erreur qu’en 2014, je choisis de partir en dernière ligne mais plus au centre.
Bon plan : je ne prends pas de coup, ne zigzague pas trop et parviens à garder des pieds pour la première fois de l’année… pendant 500 ou 600m. Ensuite, je ne parviens pas à retrouver un bon poisson pilote et me résigne à nager seul :-(
Les premiers bonnets rouge, partis 8′ après moi, me rattrapent et me distancent aussitôt avant même la fin de la première boucle. Pas bon signe. Et pas de survol de montgolfières pour nous distraire cette année…
38’10 au bout du premier tour. Vraiment pas terrible. A peine mieux que l’an passé alors que j’avais quasiment pas nagé en aout. Petit coup au moral.
Comme l’an dernier, ma sortie à l’australienne est brouillonne (sic) et je saute dans l’eau comme une merde. Il faut repartir à l’aveugle face au soleil levant.
Deuxième tour sans histoire mais toujours aussi lent. Des bonnets rouges me doublent sans cesse et même quelques bonnets roses de féminines parties encore plus tard. Décidément mon DaJo, t’as pas la glisse et tu ne seras jamais un nageur ! (pense à Zofingen pour l’an prochain…)
=> 1h16’40 pour les 3800m de natation de l’Ironman Vichy. A peine 1’30 de mieux qu’en 2014 :-(
Première transition
RAS => 4’39 au lieu de 5’15 l’an passé (pas besoin d’enfiler un maillot vélo et un coupe-vent en 2015).
Vélo : des fois, le plaisir est long à venir
Premiers kilomètres prudents sur l’allée toute cabossée du CREPS et dans les rues de Bellerive-sur-Allier. En 2015, le circuit vélo de l’Ironman Vichy est parcouru en sens inverse par rapport à 2014 alors on ne se farcit pas d’entrée la grosse bosse du parcours. Mais, dans Bellerive, çà tournicote beaucoup sur une chaussée irrégulière alors s’agit pas de s’enflammer même en descente.
Ensuite, ce sont de longues lignes droites en faux-plats plutôt ascendants. Il n’y a pas encore trop de vent mais, d’entrée, je sens bien que mes jambes ne sont pas exceptionnelles et qu’il me faudra me contenter d’un chrono vélo moyen. Après une natation médiocre et avant un marathon incertain, ce n’est décidément pas aujourd’hui que je ferai une perf :-(
La bonne surprise par contre, c’est la dispersion des triathlètes. Mais, à peine ai-je eu le temps de me faire cette réflexion qu’une petite douzaine de gars reviennent sur moi. Ils essaient de garder des écarts entre eux, il n’y a pas de drafting délibéré (merci les arbitres qui nous doublent régulièrement à moto ?) mais çà fait quand même bien chi** et je me dis que le vélo sera bien emmerdant si je ne parviens pas à me dégager. Heureusement, après une quinzaine de kilomètres dans cette galère, arrive le premier talus bien raide avant Limons. Et çà suffit pour tout faire exploser. Cool.
Ce qui est moins cool par contre, c’est qu’après une heure sur le vélo, j’ai déjà un peu mal en bas du dos. Et là, je me traite intérieurement de triple buse ! Bougre d’idiot, c’était vraiment pas malin de relever ta selle après ta dernière sortie vélo mercredi, presque sur un coup de tête !! T’as encore plus de quatre heures à tenir comme çà sur ton vélo. T’auras le temps de regretter hein ?… Quel con ! :-(
Alors je me force à penser à autre chose : au soleil qui commence à taper vraiment fort, aux traversées de villages ou de carrefours sur des revêtements qui tabassent (cf la quantité de capsules de CO2, bidons voire porte-bidons de selle qui jonchent la route…), à ces innombrables relances, à ce tac-tac-tac-tac-tac incessant de mon cadre carbone sur la chaussée en tôle ondulée, à ces kilomètres qui défilent si lentement… Bref, tout va bien, je me régale (sic).
Après Bas-et-Lezat, arrive la seule vraie bosse du parcours de l’Ironman Vichy. Et, paradoxalement, çà me fait du bien et je commence enfin à me faire plaisir. En plus, elle est suivie par un long passage ombragé dans une forêt et c’est bien plaisant.
2h35 au bout des 91km du premier tour. Et on remet çà.
Sauf que cette fois-ci, le vent est beaucoup plus fort et la première moitié du circuit est beaucoup plus difficile. Les triathlètes sont très dispersés (çà, c’est cool) donc les points de mire sont éloignés et me faut par moment bien lutter pour maintenir les 30km/h sur certaines lignes droites.
Par contre, dans la tête, çà va mieux. J’ai oublié mon dos. Personne ne me rattrape et, au contraire, je reprends lentement mais régulièrement des gars. Sur la seconde moitié de la boucle, je me fais même carrément plaisir même si je sais que mon chrono vélo sera très moyen. Pas grave. S’agit juste d’aller au bout.
Et pour aller au bout, me faut boire et… poser pied à terre au niveau du dernier ravito pour ramasser le bidon d’High5 que, comme un empoté, je n’ai pas réussi à saisir du premier coup (te fais pas de bile jolie bénévole, c’est de ma faute).
2h43 au bout des 91km du second tour.
=> 5h18’29 pour les 182km du parcours vélo de l’Ironman Vichy.
Deuxième transition
Cette année, je me déchausse sur le vélo, maladroitement mais sans tomber (un vrai acrobate ce DaJo !). Du coup, je me dis que je vais exploser mon temps de transition de 2014… mais pas du tout :-( => 3’12 au lieu de 3’26 en 2014.
Course à pied : des fois, le plaisir est rapide à s’envoler
Je m’élance sur le marathon de l’Ironman Vichy avec la peur au ventre, la peur de devoir renoncer au bout de 500m. Mais ce n’est pas le cas et çà suffit à me remplir d’une joie immense. çà va peut être passer ! :-))
Pas de départ en fanfare à 4’30 au kilomètre comme en 2014 mais, malgré la chaleur, les sensations sont bonnes (à ~12km/h) et j’ai un plaisir immense à retrouver ce parcours marathon magnifique et varié le long de l’Allier et dans le somptueux centre-ville de Vichy ! Je me régale :-)
Les points de ravitaillement sont toujours aussi nombreux et les bénévoles y sont vraiment sympas (Merci!). Je les passe en ralentissant mais sans marcher et j’alterne entre gel+eau+gobelet de coca et gobelets d’High5+coca (peut être trop tôt pour prendre du coca mais j’en avais envie).
50’49 pour le premier tour. Pourvu que çà dure !
Mais çà ne dure pas et, sur la rive droite de l’Allier, je commence à marcher au niveau des postes de ravitaillement. çà devient moins drôle mais, quand on a pas couru depuis plus d’un mois et demi, fallait bien s’en douter…
56’25 pour le deuxième tour. Ouch…
Je sais que le troisième tour sera difficile. Le DaJo est déjà bien entamé et l’arrivée est encore loin. Mais je me dis aussi que, en sentant l’odeur de l’écurie, le quatrième passera mieux. Alors, je prends mon mal en patience et je cours. Lentement. Entre les ravitaillements, où je passe de plus en plus de temps même si je n’essaie plus d’avaler le moindre gel. La chaleur me travaille et mes cuisses sont très douloureuses mais mon pied droit va bien. Je finirai cet Ironman Vichy !
1h00’54 pour le troisième tour. Misère…
Je me dis que çà ira mieux maintenant. Mais pas du tout. Je suis vraiment entamé. Au niveau des ravitaillements, je ne suis plus très lucide et plus très souriant (désolé chers bénévoles mais je vous assure que, derrière cette épave sale et bourrue, se cache un triathlète reconnaissant !).
J’ai de plus en plus de mal à repartir et les innombrables talus et relances de ce parcours marathon adoré (sic) me font de plus en plus mal. Mes cuisses sont explosées. Mais je « sens » l’arrivée et, tout au fond de moi, je suis heureux. Vraiment heureux de pouvoir revivre çà.
1h09’38 pour le quatrième tour… Il n’en fallait pas un de plus !
=> 10h40’49 sur la ligne après un marathon en 3h57’48
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Le chrono de mon Ironman Vichy 2015 ne restera pas dans mes petites annales personnelles. Mais ce n’est pas le plus important. Avec les moyens du bord, j’ai passé la ligne d’arrivée et çà suffit à mon bonheur du jour même si, l’an dernier, avec les encouragements de mes parents, de Camille et de Lisa, j’avais encore plus apprécié le Challenge Vichy et même si, cette année, avec le soutien de Lili, Renate, Thomas et Kunika, j’ai préféré le Challenge Roth.
Pas grave, place maintenant au ravitaillement final et à un débriefing bien sympa avec Christophe, mon collègue Alligator, et Arnaud, mon coéquipier Hydro, qui peuvent dire eux-aussi :
VENI VIDI VICHY ! ;-)
(c) photos Ironman Vichy & Thierry Sourbier