Une fois n’est pas coutume, le DATEV Challenge Roth 2018 ne s’annonçait pas sous les meilleurs auspices pour bibi. Le physique et le moral étaient un peu entamés et, à cinq jours du triathlon de mon cœur, je n’étais pas très positif…
« ROTH 2018, la fête sera belle j’en suis sûr mais je ne suis pas au top pour en profiter. Mon TOURS’NMAN avorté a fait des dégâts : la chute vélo a rouvert une plaie à peine cicatrisée à ma hanche et, cette fois-ci, elle s’est un peu infectée et n’est toujours pas refermée proprement. Mais surtout, cette deuxième chute à vélo en moins de 5 semaines m’a un peu touché moralement. Maintenant, je suis crispé comme un débutant sur le vélo et je flippe à la moindre courbe à gauche….
Bref, j’espère juste reprendre de la confiance dimanche à ROTH et finir proprement, quel que soit le chrono. Sur un triathlon ironman, c’est la seule chose qui compte vraiment et, parfois, c’est utile de relire un vieux CR pour s’en souvenir :
https://dajosport.wordpress.com/2013/07/17/challenge-roth-2013-la-longue-abstinence/ »
Bref, j’espérais surtout que le Challenge Roth 2018 serait une bonne thérapie…
Avant-course
Arrivée sur place le jeudi vers 19h30 après presque 11h de trajet via l’A5 et l’A6. Encore une fois, mauvaise pioche : plus de 3h de bouchons cumulés sur ces autoroutes allemandes. Décidément, c’est l’épreuve la plus redoutable et redoutée pour bibi…
Vendredi, comme d’hab, 30′ de footing à jeûn le matin. Journée de glande et de repos avec juste le retrait du super start-package et une petite visite de l’expo sous le soleil avec Thomas et Renate. Et biensûr des retrouvailles souriantes avec Felix, le super GO de l’événement !
Samedi, dépôt des vélos à Hilpoltstein vers 15h, histoire d’être de retour à la maison à 16h pour le France-Argentine du jour. Nickel. Aucune attente. Ensuite, soirée très coole et près de 3h30 de sommeil ensuite. Çà va.
Dimanche 1er juillet, CHALLENGE DAY !
Réveil avant l’alarme vers 3h40 puis prépa habituelle. Trajet sans encombre vers Hilpoltstein dès 5h avec Thomas et Zsu puis petite marche jusqu’au canal. Comme chaque année, je n’en mène pas bien large mais je suis bien content d’être là, au milieu de 3400 triathlètes individuels et 600 relais, car la journée sera douce, très ensoleillée mais très ventée avec, une fois n’est pas coutume, un fort vent du sud (seulement la troisième fois sur mes dix participations ici).
L’ambiance est concentrée mais détendue. Les bénévoles sont aussi nombreux que l’an dernier (7000 !) et toujours aussi souriants. C’est top. Danke sehr !
Petit coucou à Mickael et Delphine juste avant de plonger (j’me comprends) dans le canal et c’est parti !
Natation : sans surprise
6h50, GO !!!… Départ sans stress au fond du pack de la 4e vague. L’eau est à 19°C. C’est nickel et c’est tant mieux parce que, vu mon entraînement natation de ces trois dernières semaines (deux micros séances en tout et pour tout à cause de cette foutue plaie infectée à la hanche), je risque d’y passer beaucoup de temps.
Effectivement, ce sera plus long que d’habitude : passage aux 1900m en un peu plus de 36′ (au lieu de 34’30 l’an passé). J’essaie de me secouer mais, décidément, je pioche et ne trouve pas d’appui. Alors je prends mon mal en patience…
=> 1h14’22 pour les 3800m de natation soit 5’30 de plus qu’en 2017 ! OK boy, forget about another sub10. Mais, çà, tu t’en doutais bien avant.
Première transition: où comment gaspiller encore du temps
=>3’53 (encore 45 secondes de plus que l’an passé, pourtant, j’ai pas pris le mauvais sac, j’ai pas enfilé de maillot vélo ni de coupe-vent. Je me suis juste arrêté quelques secondes à la sortie de la tente pour me faire enduire les épaules de crème solaire pas une jolie gamine… mais pas 45 secondes non plus !)
Vélo : difficile
Comme toujours, grosse poussée d’adrénaline et de plaisir sur le premier kilomètre au milieu de la foule. Et, à la différence du dernier Frenchman, cuisses OK. Tout va bien.
Sauf que je sens d’entrée que je n’ai pas de bonnes cartes à jouer aujourd’hui :
- en mai dernier, je me suis beaucoup entraîné en vue d’un « iron hat-trick » Frenchman-Tours’nman-Challenge Roth. Et je comptais vraiment ne pas m’entraîner en juin. Mais, comme mon Tours’nman a tourné court sur chute et crevaisons, je me suis senti obligé de refaire une grosse semaine dès que j’ai pû remonter sur mon vélo. Une trop grosse semaine. Je sens bien que je ne l’ai pas encore digérée. Le DaJo n’est plus tout jeune et devrait savoir depuis le temps qu’il vaut mieux être sous-entraîné que sur-entraîné mais, quand on est c**, on est c** !
- je suis crispé à mort et j’ai l’impression que ma roue avant se dérobe encore dès que je vire à gauche.Alors je prends le moindre virage presque à l’arrêt, les fesses serrées.
- et, c’est un peu ridicule mais, comme ma roue arrière habituelle n’est pas encore réparée, je roule avec la même roue et les mêmes braquets que le 15 août dernier sur l’Embrunman. Une cassette 10v 12-30 à Roth, c’est laaaaaarge ! (sic)
Bref, les 120 premiers kilomètres et surtout la première partie de la boucle jusqu’à Greding contre le fort vent du sud sont difficiles, très difficiles. Là encore, je prends mon mal en patience mais je sens bien que je manque de puissance et suis obligé de tomber trop vite mon braquet dès que la route s’élève.
Pourtant, c’est encore là que je m’en sors le mieux : sur le plat ou pire sur les nombreux faux-plats descendants, je suis proprement laissé sur place par des uber-bikers surpuissants sur leurs montures modernes (aujourd’hui, à Roth, t’as pas un CLM caréné avec bidons et freins intégrés plus jantes hyper-larges, t’es un has-been).
Inutile d’en faire des tonnes sur le Solarerberg. De toutes façons, quels que soient les mots que je choisirai, ils seront insuffisants pour exprimer ce que l’on ressent en entendant la clameur de la foule en approchant d’ Hilpoltstein et encore plus impuissants à exprimer le choc ressenti en levant les yeux en bas de cette fameuse montée. Le Solarerberg ne se raconte pas, il se vit.
A peine moins de 2h28 pour le premier tour vélo. Près de 5′ de plus qu’en 2017.
Comme lors du premier tour, j’en bave contre le vent entre Eckersmühlen et Greding. Mais, ensuite, çà va mieux et je retrouve de la gniaque. A partir du Kalvarienberg, plus personne ne me double et, au contraire, c’est bibi qui reprend quelques uber-bikers des premières heures. Comme toujours, j’appuie sans penser au marathon à venir, histoire de faire un chrono vélo quand même présentable. Je me fais plaisir.
A peine plus de 2h27 pour le deuxième tour, là où d’habitude, je lâche une poignée de minutes. Çà va.
=> 5h10’25 pour les 181km et quelques du parcours vélo soit 7′ de plus qu’en 2017. Pas terrible mais j’ai quand même bien sauvé les meubles sur les 60 derniers kilomètres.
Seconde transition: où comment gaspiller encore du temps
Encore une transition très lente mais, cette fois-ci, je n’oublie pas d’enduire généreusement mes pieds de crème Nok avant d’enfiler mes chaussettes et mes manchons de compression => 3’20 au lieu de 2’49 l’an dernier.
Course à pied : grisant !
Il est 13h21 quand je déboule de la zone de transition. Les premières foulées sont correctes et le moral est bon. Finalement, je ne suis pas si loin que çà d’un sub10 : j’ai 3h28 devant moins pour courir le marathon final si je veux y parvenir. Mais, je ne me fais guère d’illusions car çà fait quelques années que je n’ai pas couru un marathon final d’ironman en moins de 3h30.
Pas grave, je me cale à 12km/h (tout au feeling, toujours pas de cardio ni de GPS) et j’essaie d’y rester le plus longtemps possible. Advienne que pourra…
Comme je l’avais décrit en détail dans mon CR de l’an dernier, le parcours CP de Roth avait été fortement modifié en 2017 et n’avait plus rien à voir avec l’ancien et son traditionnel interminable aller-retour le long du canal. Un nouveau visage présentant plein d’avantages mais aussi quelques gros inconvénients évoqués dans le CR précité.
Et, à Roth, quand les athlètes s’expriment, les organisateurs les écoutent et c’est une des qualités de cette épreuve qui, année après année, se remet en question et propose des innovations pour améliorer encore et encore l’expérience des athlètes et des spectateurs. Le DATEV Challenge Roth, c’est la Mecque européenne du triathlon et çà le restera encore longtemps avec un tel état d’esprit !
Donc, en 2018, les organisateurs ont tenu compte des feedbacks 2017 et nous ont concocté un parcours en un seul tour combinant le traditionnel long aller-retour plat le long du Canal Main-Danube et l’aller-retour plus vallonné et ombragé vers Büchenbach sans oublier le passage difficile mais ô combien animé dans les rues pavées du centre-ville de Roth. Le mix parfait. J’ai adoré et je n’ai pas été le seul.
En ce qui concerne mon marathon :
- un peu plus de 12km pendant la première heure. Un seul petit arrêt pipi (bien décidé à ne pas refaire la même erreur que sur le Frenchman !). Souple. Bonnes sensations. Gros moral.
- un peu moins de 12km pendant l’heure suivante. Un peu moins souple mais çà va toujours.
Ensuite, je perds un peu le fil et les temps de passages kilométriques varient un peu en fonction des pentes du parcours mais les pieds vont bien, les jambes vont bien et le bide va bien. C’est de plus en plus dur mais je commence à rattraper beaucoup de monde, surtout dans les côtes. Çà devient grisant.
Dans la dernière demi-heure, je ne calcule plus rien, je ne regarde plus ma montre. Je n’ai pas marché le moindre mètre de tout le marathon et je ne compte pas commencer maintenant. Je cours. C’est de plus en plus dur et j’ai de plus en plus envie d’en finir mais je ne lâche rien. Je cours. J’adore, c’est pour ces moments que je fais des ironmans. Je cours. Dans les 1000 derniers mètres, je réalise que c’est déjà (sic) l’arrivée et je finis quasiment au taquet. Je suis grisé. Je cours.
=> 3h29’15 pour les 42km du marathon (contre 3h34’55 sur le parcours plus lent de 2017 et 3h31’53 sur le parcours comparable de 2016) soit un chrono final de 10h01’12 . Happy. More than happy.
Certes, c’est 73 secondes de trop pour un nouveau sub10 mais, là, tout de suite, je m’en fiche. Je viens de prendre un méga pied en courant ce marathon. L’objectif du jour est plus qu’atteint : Roth m’a redonné la banane :)
Comme l’an passé, je retrouve avec une immense joie Zsu, Renate et Thomas puis partage avec eux une soirée sympa et une finish line party plus punchy que l’an dernier. Merci à vous trois ! Et merci à Roth !!
Road to 50@50 => IM n°24 : checked
ROTH, C’EST MAGIQUE !
(c) photos Challenge Roth & marathon-photos.com & Zsu & Renate