Pourquoi Brescia ? Parce que le 14 mars 2004. Le jour de mes 30 ans. Le jour où je suis sensé devenir adulte (ben mon coco, y’a du boulot…). Et puis, mais c’est très accessoire même si je suis un peu auvergnat d’origine, parce que c’est gratuit: cadeau de la ville de Brescia aux 1200 premiers inscrits!
Avec ce genre de cadeaux, je dois bien avouer que je ne m’attendais pas à une organisation bien carrée… Et bien, pas du tout : irréprochable l’organisation ! Du sac de course distribué la veille avec dossards personnalisés aux noms des coureurs et tee-shirt à la pasta-party. Des ravitaillements en course aux marques kilométriques. Des cadeaux et de la médaille à l’arrivée aux diplômes avec photos qui doivent nous être envoyés par la poste. Rien à dire….
Ah ! Une petite précision pas inutile : le nom du président du comité d’organisation. Gabriele Rosa. Le fameux coach (ou préparateur ?) de quelques uns des plus grands marathoniens mondiaux dont notre Benoit Z national.
Le parcours ? Roulant sans être tout plat (surtout dans Brescia), mi-urbain mi-rural mais rien d’exceptionnel à signaler. Faut dire que je séjournais à Bergame toute proche et que je suis tombé amoureux de cette ville absolument magnifique dominée par sa Citta Alta de toute beauté. Du coup, j’en ai pris les yeux à Bergame alors Brescia, même si elle a du charme…
Le plateau ? Environ 1500 coureurs avec biensûr les Kenyans de service de l’écurie Rosa.
L’ambiance ? Le point négatif de l’épreuve : nulle. Très peu de spectateurs si ce n’est les automobilistes pas toujours patients mais retenus efficacement par l’organisation. A part pour le foot, çà semble difficile de mobiliser les Italiens…
Bon, venons-en au 14 mars… Autant le dire d’entrée, je n’étais pas parti pour une perf et… il n’y a pas eu de miracle. A l’évidence, je ne suis pas capable de m’entraîner sérieusement l’hiver et d’encaisser les séances de VMA ou de seuil sous peine de carence en magnésium. Après trois semaines de VMA début janvier et deux semaines au fond du trou, je m’étais donc résigné et avais fait une croix sur tout objectif de perf.
Je me présentai donc au départ avec quatre semaines à trois séances hebdo d’endurance dont une sortie longue. De quoi tenir la distance mais pas aller bien vite (Peut-être que, maintenant que le 14 mars est passé et que je suis «adulte», mon organisme sera plus fort… non ?)
6h47. Départ de Bergame en train pour Brescia avec Fons, un Belge voisin de dortoir à l’auberge de jeunesse (surtout bien profiter de mes dernières heures avant la trentaine…), coureur à ses heures perdues et multi-marathonien qui deviendra, j’espère, membre des coureurs du monde car, des histoires pas communes, il en a à raconter (je crois que j’ai rencontré un fou ;-).
7h33. Arrivée à Brescia. Bus jusqu’au départ situé à l’autre bout de la ville. «caca de la peur», habillement, mini-mini-échauffement (500m… bon d’accord : 400m) et je suis prêt (?).
9h15. Départ ! … non, pas départ : déjà quelques secondes de perdues en surplace. Allez, c’est parti. Maintenant ma tactique est simple : rester autour de 150 puls/min pour retarder le mur. J’espère qu’avec çà je ne serai pas trop loin des 3h.
9h20. J’ai dû louper la marque du premier kilomètre. 9h21. Ben non, je l’avais pas manquée… je suis quand déjà presque à 150. 9h29. Je n’ai pas vu le panneau du km2 mais je vois bien celui du km3. 14’ de course. Ben mon vieux, t’es pas rentré ! En plus, je n’ai pas vraiment l’impression de traîner. Peut-être que je ne me suis pas assez échauffé? En tous cas, je suis sûr d’un truc : j’ai trop bu ce matin (~1l). Arrêt pipi.
Km 21,1. Passage au semi en presque 1h39. Je ne comprends pas. Je n’ai pas l’impression d’être lent, je tourne autour de 150 mais je vais moins vite que sur certains triathlons ironman. Oh David, faudrait peut-être se réveiller! Allez, les jambes vont pas mal. Soyons fou : passons à 155 puls/min environ.
Km 30. Depuis le semi, j’ai un peu accéléré et, comme mes voisins commencent à coincer, je remonte pas mal de monde. Les jambes vont bien. J’en remets une couche et m’autorise le 160.
Km 35. Çà va toujours et maintenant j’ai l’impression de rattraper très vite les coureurs qui me précédent. C’est bon pour le moral. Il reste 7 kilomètres et on revient à Brescia. Allez, maintenant, je ne calcule plus (max 166 puls/min). Je laisse les cuisses commander et, pour l’instant, elles ne se plaignent pas trop.
Km 42,195. Arrivée au bout de 3h12’23 à la pendule du portique (3h11’40 à ma montre). Le temps n’est pas excellent, je suis très loin des 3h et je ne bats même pas mon chrono du marathon de Barcelone 2003. Mais ce n’est pas grave : sur le second semi, j’ai pris mon pied et je ne finis pas détruit.
Encore des pâtes à l’arrivée avec Fons en se marrant des commentaires ou des cris de l’animateur italien un peu excité («il leone ! il gladiatore ! ! il maratonista ! ! !»). Puis retour à Bergame où le carnaval nous accueille. Une chouette journée !
Post-Scriptum : en somme, à froid, mon chrono un peu lent est plutôt réconfortant… çà me confirme bien que, pour aller vite sur marathon, il n’y a pas de secret : faut bouffer de la VMA et du seuil. CQFD.