En 1999, pour mes 25 ans et pour mon premier ironman, j’avais choisi l’Embrunman. Çà ne s’était pas vraiment bien passé (compte-rendu ICI) et je n’en conservais pas un souvenir impérissable. Alors pourquoi diable y retourner 18 ans plus tard ?
Ben pour plusieurs raisons en fait :
- Ne pas refaire la même erreur qu’en aout 2016. A savoir, laisser trop de temps entre le Challenge Roth et l’Elbaman et me taper une trop grosse préparation en aout avec trop de bornes à vélo notamment.
- Introduire de la variété dans mes entraînements vélo et refaire quelques cols dans les Aravis.
- Accompagner trois autres Hydros sur cette épreuve (Christophe, LE docteur es Embrunman du club, et deux bizuths, Renaud et Nico).
- Et puis, bien sûr, essayer de ne pas rester sur mes mauvaises impressions de 1999 quant à l’Embrunman et à son organisation.
Ainsi donc, après le Challenge Roth, j’ai enchaîné deux semaines de récup active, deux semaines de préparation avec quatre belles sorties vélo en montagne (une avec Renaud et trois avec Christophe… sorties que j’ai terminées cuit complet) et une petite dizaine de jours d’affutage.
Tout aurait été parfait si je n’avais pas trouvé le moyen de me saigner comme un goret dans ma cave en m’empalant le dos sur une charnière métallique => soirée aux urgences de la clinique d’Annecy, quatre points de suture et un peu de gamberge juste avant l’Embrunman (décidément, en 1999 ou en 2017, il m’arrive toujours des bricoles avant cette épreuve. Cet ironman ne doit pas m’aimer).
Dimanche 13 aout, j’ai choisi de « descendre » à Embrun via le Lautaret et Briançon, histoire de reconnaitre la fin du parcours vélo. Bonne idée car je suis vraiment rassuré par l’état des chaussées sur les balcons de la Durance. C’est nickel, le jour et la nuit par rapport à mon souvenir de 1999.
Arrivé à Embrun, je file au retrait des dossards avec Sandrine qui m’héberge pour l’occasion (merci, merci, merci !). Le GO a dû trouver que, David, c’était has been comme prénom alors il a décidé de me baptiser Hervé (OK, si tu veux Gérald. Je suis pas contrariant).
Ensuite, on fait un petit tour à Chalvet. Là par contre, rien n’a changé, le haut de la bosse et la descente sont toujours aussi pourris et défoncés. C’est une farce lamentable. Bref…
Lundi 14 aout, dépôt du vélo au parc à vélos vers 15h30, sous la chaleur mais avant le gros de la foule. Retrouvailles sympas avec Chris, Renaud et Nico même si on ne fait pas trop les malins. Petit coucou à Camille, Lolo, Sophie, Arno, Jean-Luc, Tonio, Nico (l’autre) et Océane qui sont venus nous supporter (merci, merci, merci !) et qui, eux, sont beaucoup plus détendus (c’est bizarre çà).
Mardi 15 aout, réveil 3h. Petit déj et prépa habituelle jusqu’à 4h30. Arrivée au plan d’eau d’Embrun vers 4h45 avant le gros de la troupe et derniers préparatifs nocturnes dans le parc à vélos éclairé par des spots. L’eau est annoncée à 20.6°C alors je décide de mettre un bonnet de bain supplémentaire (frileux le DaJo). Je ne me presse pas beaucoup et au final, je suis un peu à la bourre et coincé au milieu du paquet pour rejoindre le départ.
Kavinsky habituel sur la plage de l’Embrunman et petits frissons. Le moment est magique.
6h, c’est parti mon kiki ! Tâche de finir la journée en meilleur état qu’il y a 18 ans…
Natation : j’avais oublié l’obscurité…
Une seule vague de départ pour les 1039 triathlètes au départ en 2017 (sauf les rares nanas qui partent 10’ plus tôt). Nous étions deux fois moins nombreux en 1999 alors, forcément, c’est un peu plus compliqué cette année. Je nage assez droit me semble-t-il (sauf sur les 500 premiers mètres) mais ce n’est pas le cas de tout le monde alors il me faut faire quelques zigzags pour éviter les coups pendant la première demi-boucle. Ensuite, çà se calme et je pose ma nage (sic). Tranquillement. Un peu trop peut-être mais la journée sera longue alors pas la peine de s’exciter trop tôt.
Un peu déçu quand même par le chrono à la sortie de l’eau => 1h11’34 pour les 3800m de natation.
Première transition: tranquille, très tranquille…
Maladroit pour enlever ma combi et la glisser sous ma chaise, histoire de la protéger un minimum du soleil et de la chaleur qui s’annoncent. Maladroit pour enfiler mon maillot de vélo et mes chaussures.
=> 3’57
Vélo : j’avais oublié la beauté de ce parcours…
Ravitaillements : un grand bidon et un petit bidon de High5 + 50cl d’Aptonia avant le ravito perso de l’Izoard ; Même chose ensuite avec en plus une recharge de poudre High pour un petit bidon de 50cl au ravito de Champcella ; trois Flapjacks + une barre Aptonia + un gel Aptonia + morceaux de banane ; six pastilles Rennie
7h16 quand je quitte enfin T1. Premières pentes dès les premiers hectomètres et déjà premiers encouragements de Sandrine, Lisa, Camille, Sophie et Lolo (merci, merci, merci !).
Montée des Puys tranquillou. Je double déjà des wagons de concurrents mais je profite quand même des points de vue exceptionnels sur le Grand Morgon et sur le Lac de Serre-Ponçon. J’avais oublié comme c’est beau…
Première descente un peu technique mais, avec les roues chaussées en pneus de 25mm que m’a prêtées Bertrand (merci, merci, merci !), je me régale.
Retour sur la RN94 à 8h22. Déjà près de 2’ perdues par rapport à 1999 (mon pote, soit t’es moins fort, soit t’es plus sage).
Mauvaise surprise ensuite avec un vent défavorable assez fort jusqu’à Embrun (c’est plus abrité ensuite). Pas d’affolement : la balade à bicyclette du jour sera longue alors faut pas s’exciter…
Rond-point de Baratier au milieu de la foule et encouragements de la fabuleuse « Support Team Hydros » puis de Lolo et Sophie, Sandrine, Camille et Lisa un peu plus loin au niveau du Pont Neuf (merci, merci, merci !).
Remontée des balcons de la Durance jusqu’à St Clément puis des Gorges du Guil jusqu’au pied de l’Izoard en mode tranquillou et en en prenant plein les mirettes. Décidément, j’avais oublié comme les Hautes-Alpes sont belles.
Col d’Izoard en mode cyclo sous un soleil qui cogne déjà fort. En 1999, j’étais passé en 53-39×12-28 (roue-libre à 9 pignons). Cette année, j’ai un peu hésité mais, vu l’état de décomposition dans lequel j’ai fini mes longues sorties dans les Aravis avec Christophe, j’ai finalement décidé d’assurer le coup en 53-39×12-30 (roue-libre à 10 pignons). J’ai bien fait car, à la sortie de Brunissard, je suis bien content de passer le 30 jusqu’aux premiers sapins (28 ensuite).
Je remonte à nouveau des wagons de concurrents sans me mettre dans le rouge et j’atteins le sommet de l’Izoard en ~3h59 soit près de 6’ de moins qu’en 1999.
Petit arrêt express au ravito perso (merci aux bénévoles super efficaces !) et je me lance sans tarder dans la descente, sans stress, seul au milieu de la pampa, sur une route fermée à la circulation automobile et au revêtement impeccable. C’est le top en matière d’organisation !
Je reste complètement seul, sans personne en point de mire, jusqu’à la Côte des Vigneaux.
Dans mes souvenirs d’il y a 18 ans, c’est à partir de Briançon que çà avait commencé à être la galère, contre l’habituel vent thermique défavorable. Cette année, ce vent est bien présent mais je suis plus relax et je le vis beaucoup mieux. Faut dire que l’état des chaussées est tellement meilleur que je peux lever les yeux et profiter de la beauté du paysage. Et puis la balade à bicyclette du jour est longue alors faut pas s’exciter…
Mur de Pallon, 2km de long, c’est pas beaucoup mais c’est bien raide et çà ne passe pas très vite (39×30) mais, dans les derniers hectomètres, la fabuleuse « Support Team Hydros » me fait une ola de tous les diables et çà me booste bien (merci, merci, merci !).
Désormais, je sais qu’il ne reste qu’un peu de vent à bouffer et quelques pentes moins raides avant Embrun et Chalvet alors j’appuie un peu plus sur les pédales. Je commence à entrevoir un moins de 7h sur le vélo et çà me plaît bien. Malgré la chaleur, je me régale.
Retour à Embrun enfin et petit coucou à Camille et Lisa puis Sandrine (merci, merci, merci !) avant d’attaquer Chalvet.
Il fait maintenant carrément chaud et les jambes sont un peu entamées (sic) mais la bosse passe assez bien. Un petit bidon d’eau claire au somment puis descente prudente sur une route défoncée (avec la traversée de Chamandrin à la sortie de Briançon, c’est désormais la seule portion pourrie du parcours vélo de l’Embrunman. Le reste, c’est nickel).
Je sais que je ferai un sub7 sur le vélo et çà suffit à me contenter alors, avant même de poser le pied à terre, je décide de m’accorder une longue T2 et de m’assoir quelques instants (un peu concon sur ce coup le DaJo non ?).
=> 6h52’56 pour les 188km du parcours vélo de l’Embrunman.
Seconde transition: tranquille, très tranquille, trop tranquille…
- Dégonflage des pneus (pour ne pas les retrouver explosés ce soir).
- Enduisage du torse de crème solaire (pour ne pas finir le marathon aussi cramé que sur l’IRONCAT du 20 mai dernier)
- Enduisage des pieds de crème NOK (pour ne pas choper autant d’ampoules que sur le marathon du Challenge Roth du 9 juillet dernier)
Puis petit passage aux WC et je m’élance enfin sur les 42km en emportant avec moi le petit bidon cycliste récupéré en haut de Chalvet.
=> 6’13
Course à pied : j’avais oublié qu’on pouvait perdre autant de temps aux ravitaillements…
Dès la sortie du parc à vélos, je m’arrête au ravito pour remplir mon bidon de… coca. L’erreur. C’était sûrement trop tôt.
Premières foulées difficiles mais je ne m’affole pas. La balade pédestre du jour sera longue alors faut pas s’exciter…
Trois tours de 14km pour 42km et 370m de dénivelé positif cumulé sur ce nouveau parcours (il n’y avait que deux tours en 1999). Premier tour rendu plus difficile par la chaleur mais, dès le début du deuxième tour, les nuages se mettent à masquer le soleil et c’est le top. Premier tour en ~1h15. Deuxième tour en ~1h20. Troisième tour en ~1h20 aussi.
Pendant tout le marathon, je ne marche jamais (pas même dans la Côte Chamois) mais, à chaque ravito (et il y en a 7 par tour, c’est bien mieux qu’en 1999 !), je m’arrête quelques instants et prends le temps nécessaire pour re-remplir mon bidon ou avaler un gel et un gobelet d’eau ou récupérer un ou deux morceaux de bananes que je mâche ensuite longuement jusqu’au ravito suivant.
Pendant tout le marathon, je suis encouragé comme si j’étais une star par Sandrine, Lolo et Sophie, Arno, Jean-Luc, Tonio, Océane, Nico (l’autre), Marion, Claire et les incroyables sisters Camille et Lisa qui sont partout à la fois (merci, merci, merci !)
Pendant tout le marathon, je tente d’apercevoir mes potes Hydros en course mais je ne croise qu’à deux reprises le divin barbu…
Pendant tout le marathon, je me demande quand les ampoules viendront (jamais… merci NOK), quand les cuisses seront explosées (jamais… je ne cours pas assez vite aujourd’hui) et quand la lumière va s’éteindre, faute de courant comme en 1999 (jamais… je me goinfre de sucres cette année).
En fait, le seul soucis pendant ce marathon (et c’est peut être lié à ce que je viens d’écrire), c’est un bide en vrac complet durant le second semi et dans les heures qui suivront la fin de l’épreuve. Gels Aptonia ? Trop de coca trop tôt ? Ou tout simplement deux heures d’effort en trop par rapport au temps habituel de bibi sur un ironman ? Je ne sais pas mais il faudra que je creuse la question.
=> 3h55’04 pour les 42km du marathon soit un chrono final de 12h09’40 . Happy. More than happy. Je boucle l’Embrunman en bien meilleur état qu’en 1999 et bien plus heureux qu’alors.
Aujourd’hui, je me suis réconcilié avec « Le Mythe », avec son départ dans le noir, avec son parcours vélo exceptionnel, avec son organisation bien meilleure que celle d’il y a 18 ans (bénévoles en nombre et toujours souriants, sécurisation du parcours vélo avec plusieurs sections fermées à la circulation automobile, ravitaillements en grand nombre… MERCI !!!)
En fait, il me semble que, l’Embrunman, c’est désormais le contraire de certaines épreuves récentes, sorties de nulle part pour exploiter le business lucratif des épreuves LD, coquilles vides auto-proclamées « mythiques » au prétexte de parcours toujours plus « extrêmes » (sic) et vendues à coups de pubs sur les réseaux sociaux et d’achats de reportages TV dans les médias spécialisés. L’Embrunman, c’est un peu l’inverse : une vieille dame au site internet d’un autre temps, un triathlon à la promotion inexistante ou presque sur les canaux de communication modernes, un événement aux à-côtés médiocres (pas de pasta-party, pas de cadeaux sponsorisés, pas de ravitaillement d’arrivée digne de ce nom…) mais, au milieu, entre la ligne de départ et celle d’arrivée, un meilleur service aux concurrents, une organisation mieux huilée et mieux sécurisée dans un cadre naturel exceptionnel.
Bref, en 2017, pour mon 21e ironman, je me suis réconcilié avec l’Embrunman. Et çà a été d’autant plus facile que Sandrine m’a vraiment facilité la vie avant et après l’épreuve (merci, merci, merci !).
Last but not least, mes trois potes Hydros et moi, on avait en 2017 une fabuleuse « Support Team Hydros » sur l’Embrunman (merci, merci, merci !). Alors, grâce à elle, on a tous franchi la ligne d’arrivée, les deux bizuths et les deux « anciens » (sic). Pas de prisonnier chez les Hydros et, çà, c’est cool.
(c) photos : Lisa & Sandrine & Camille & Trimax Hebdo