Fontaine, je ne boirai plus de ton eau…
Oui mais bibi, il n’a pas beaucoup d’imagination et il ne sait pas trop comment occuper ses weekends s’il n’y met pas un peu de sport pour obtenir sa dose d’endorphines et d’abrutissement. Alors il roule quand il ne pleut pas (3000 km en 2023 mais aucun sur le Speedmax), il court quand son hallux valgus le lui permet (dont trois sorties longues de 1h30~2h avec son Arno préféré) et il aurait nagé si la température de l’eau du lac d’Annecy le lui avait permis.
Pourtant, le DaJo s’ennuie parfois encore un peu alors il fait des bêtises quand il surfe sur certains sites web. Il rempile donc pour l’IRONCAT en 2023 avec, en tête, une idée un peu débile (c’est pas sa première hein ?) : se présenter au départ sans aucun entrainement natation. Juste pour voir.
Entre le 27 aout 2022, date du Gelreman (mon « dernier » ironman) et le 13 mai 2023, je n’ai donc pas du tout nagé. Enfin, pas tout à fait : 10’ le jeudi soir en arrivant à l’Ampolla puis 20’ le vendredi matin, veille de course. Juste assez pour tenter de corriger mes dérives et me rassurer (un peu).
Pourquoi l’IRONCAT ? Parce que j’adore cette épreuve tout simplement et j’ai déjà longuement expliqué pourquoi en 2016, 2017 et 2019 alors je vous épargne le discours et la description des parcours cette année.
Le vendredi, je retrouve avec plaisir Hector au retrait des dossards. Vieille connaissance des éditions 2017, 2019 et du Frenchman 2018. Autant le dire tout de suite, le lendemain, il me mettra quasiment 1h dans la vue alors que, jusqu’à présent, nous nous tirions la bourre. Certains vieillissent mieux que d’autres :-)
Nuit d’avant ironman quasiment blanche (comme d’hab depuis quelques années maintenant mais c’est quand même pénible). Autant se lever et aller nager un peu…
Natation : pas pire
Oui, c’est le même titre de paragraphe qu’en 2019 alors que, sans trahir un grand suspense, mon chrono aquatique ne sera pas le même. C’est le même titre parce que, au final, la natation sera la partie la plus plaisante du jour.
Certes, c’est un peu long mais ce n’est pas dur. Faut juste être patient, essayer de rester concentré même si, depuis la première bouée, je nage au milieu d’un no-man’s land (avec une petite centaine de concurrents au départ, c’était prévisible).
=> 1h22’35 pour les 3800m de natation de l’IRONCAT. Pas pire vu mon volume de natation de ces 8 derniers mois. Quoiqu’il arrive maintenant, j’ai déjà gagné mon pari à la con :-)
Première transition
=> 4’11 merdique mais pas grave : je ne suis pas venu chercher un sub-qqch :-)
Vélo : DU VENT, DU VENT, DU VENT, DU VENT, DU VENT, DU VENT
Oui, c’est presque le même titre de paragraphe qu’en 2019. A un détail près.
Au début, c’est rigolo : la première fois que je me heurte au « mur » du vent, je souris intérieurement en me disant que, de toutes façons, je ne suis pas venu chercher un chrono et que je m’en fiche. Juste profiter de la journée et des paysages de rizières du Parc Naturel du Delta de l’Ebre. La vie est belle et je suis heureux d’être ici maintenant.
Puis, ça devient beaucoup moins drôle quand je comprends que, contrairement aux prévisions météos que j’avais vues sur internet ce matin, le vent ne se calme pas à la mi-journée mais, au contraire, se renforce. Je commence à en baver et à lutter pour rester en ligne sur mon prolongateur.
Dans les deux derniers tours, ce n’est plus du tout rigolo. Le plaisir s’est envolé dans le vent fou et je lutte carrément pour ne pas être emporté à mon tour. Par deux fois, je dois poser pied à terre, déséquilibré par une rafale. Dans les quinze derniers kilomètres, je n’ose même plus lâcher le guidon pour boire.
Mais comment font ces mutants qui roulent avec des lenticulaires à l’arrière ? (devine gros malin : ça fait déjà un moment qu’ils sont sur le marathon eux !)
=> 5h39’53 pour les 180km du parcours vélo de l’IRONCAT. Laminé par le vent mais content de ne pas avoir goûté au bitume catalan :-)
Deuxième transition
=> 4’10 merdique mais pas grave. Je prends toujours le temps de dégonfler mes pneus, d’enduire mes orteils de vaseline. Décidément, je ne suis même plus un triathlète car je n’ai même pas pris la peine de doter mes runnings de lacets élastiques :-)
Course à pied : un métronome… cassé
Oui, c’est presque le même titre de paragraphe qu’en 2019. A un mot près.
Dès les premières foulées, je comprends que ce sera long, très long. Mais je suis patient et trottine à peu près proprement pendant le premier semi. J’essaie de me concentrer uniquement sur le moment présent et de ne surtout pas me projeter. Ne pas marcher entre les ravitos, c’est mon seul objectif.
Mais, après la mi-course, ça se gâte : je suis barbouillé. Pour ne pas connaître les mêmes déboires qu’à Roth en 2022, j’ai tourné le premier semi aux gels (3), aux morceaux de bananes et aux gobelets de boisson iso. Mais ça ne passe plus, mon bide est en vrac.
La suite n’est qu’une longue agonie énergétique et musculaire. Pendant les 21 derniers kilomètres, je ne peux plus ingérer qu’un demi-gobelet de coca à chaque ravito.
J’adore ce parcours varié en front de mer et dans le port de l’Ampolla mais, là, tout de suite, un peu moins (sic). Mentalement, c’est dur et je me demande ce que je fous là et pourquoi je m’inflige encore ça. Quel con je suis ! J’avais dit que le 33e serait mon dernier ironman…
=> 11h10’32 sur la ligne d’arrivée de l’IRONCAT 2023 après un marathon en 3h59’43. Agotado.
Epuisé le DaJo mais quand même bien content de retrouver Hector pour partager quelques minutes d’après-course bien souriantes.
Fontaine, je ne boirai plus de ton eau…
(c) photos Blanca de la Sotilla Ventura