En 2019, le Challenge Roth a été une nouvelle fois inoubliable mais une panne de jambes et un mal de dos tenace m’ont empêché d’en profiter pleinement à vélo. En 2020, pas de Challenge Roth (virus chinois et vie sous cloche). En 2021, pas de Challenge Roth pour bibi (chute et hôpital en juin puis été de merde).
Quid de 2022 ? Pourrais-je à nouveau apprécier à sa juste valeur « Der TraumFabrik » 3 ans après ma dernière participation ? A vrai dire, tout l’enjeu est là pour moi : prendre du plaisir dans le cadre magique du Challenge Roth, avoir de bonnes sensations et un état d’esprit positif dans les trois disciplines quels que soient mes chronos. Il me faut oublier mes références passées et mes temps intermédiaires car, en ce début juillet, je n’ai pas les moyens de les atteindre. Le Wasserstadt Langdistanz Triathlon du 12 juin dernier me l’a montré sans équivoque. J’espère juste avoir récupéré de cet ironman de dernière minute et pouvoir courir proprement le plus longtemps possible.
Dimanche 3 juillet, CHALLENGE DAY !
Réveil vers 3h50 après ~3h de sommeil fractionné (… pas pire :)) puis prépa habituelle jusqu’à 5h. Trajet sans soucis avec Thomas (MERCI !!) jusqu’à la zone du départ, sur le Main-Donau Kanal. A 5h30, le ciel est déjà bien clair et le lever de soleil sur le parc à vélo est magnifique (il fait déjà très doux). Ça fait vraiment plaisir de retrouver cette ambiance particulière, concentrée mais détendue grâce aux innombrables bénévoles. Danke sehr !
Natation : sans glisse.
7h05, GO !!!…
L’eau est à 23°C. Combi autorisée pour les age-groupers. Nickel pour bibi vu son entraînement quasi-nul de ces derniers mois.
A Hanovre, la natation m’a paru longue, très longue. A Roth aussi. La différence, ce sont les pancartes placées tous les 200m sur les berges du canal… et bien sûr, le public ! Du coup, ça passe un peu mieux même si je n’ai aucune sensation de glisse.
=> 1h21’15 pour les 3800m de natation (pas terrible mais bon… c’est fait) .
Première transition
Transition lente malgré l’aide d’une super bénévole pour enlever ma combi et enfiler un maillot vélo =>4’40
Vélo : sans puissance
Le soleil est radieux et il fait déjà chaud mais j’ai quand même choisi d’enfiler un maillot vélo pour avoir des poches plus pratiques à atteindre que celles de ma trifonction. Le vent souffle mais pas aussi fort qu’à Hanovre. Bref, tout va bien au niveau des conditions.
Le seul hic, c’est que, comme en 2019, je n’y suis pas : aucune gniaque, aucune pêche, aucune envie d’appuyer, aucune puissance. Dès le début du vélo, je sens que ces 180 bornes vont être longues, très longues.
J’ai du mal à positiver. Tout est pourtant réuni pour que je passe un bon moment sur un parcours et dans une ambiance que, pendant des années, j’ai adorés. Mais là, comme un éternel pisse-froid, je me fais des nœuds au cerveau et gamberge bien trop alors que, objectivement, tout va bien si ce n’est une petite panne de jambes, pas si surprenante que ça trois semaines après mon dernier ironman.
Kalvarienberg, Kränzleinsberg, Solarerberg… tous ces lieux magiques, incroyables pourvoyeurs d’émotions positives et d’énergie, je les passe sans les apprécier pleinement. Je m’en veux et, du coup, pour ne pas gâcher les souvenirs inoubliables que ces lieux ont laissés dans ma mémoire jusqu’à présent, j’en viens à me dire qu’il est peut-être temps pour moi de tourner la page et de leur dire au revoir.
A la fin du premier tour, j’ai le réflexe de jeter un œil au chrono : ~2h31. Pas terrible mais pas pire. 2h35 pour le second tour malgré un vent plus fort. Plus qu’une dizaine de bornes pour rejoindre T2.
=> 5h22’12 pour les 178km du parcours vélo (un poil trop court cette année à cause de deux modifications entre Obermässing et Hilpoltstein).
Inutile de préciser que mon objectif de conserver un état d’esprit positif n’a pas été atteint sur le vélo. Pourtant, à chaque tour, j’ai souri au gamin qui brandissait sa pancarte « Vergiss nicht zu lächeln ». Je suis un con.
Seconde transition
Encore une transition très lente, en prenant le temps de bien tartiner mes pieds avec de la crème pour éviter les ampoules (mais sans succès au final) => 4’31
Course à pied : le plaisir enfin… puis la douleur
13h58 à ma montre au départ du marathon. Il fait chaud et les 3 premiers kilomètres en montagnes russes jusqu’au Main-Donau Kanal sont difficiles. Je suis déjà bien entamé et la perspective de courir un marathon dans cet état me fait moyennement rêver (sic).
Du coup, je passe en mode survie d’entrée et décide de marcher au moins 30’’~1’ à chaque ravito. Il y a plus de 20 postes de ravitaillement sur le parcours du marathon alors, au final, ça fera beaucoup de temps perdu là. Mais c’est pas grave : mentalement, ça me permet de fractionner le marathon en petits tronçons de 2km à l’issue desquels je m’offre ces pauses.
Lors de ces petites marches, je commets pourtant une erreur grossière car, dès le premier ravitaillement, j’y ingurgite 2 gobelets de coca. Au final, ça fera beaucoup trop d’acide dans mon estomac même si je « tamponne » un peu cette acidité avec des morceaux de bananes et des pastilles Rennie (6). Comme lors de mes précédents Roth, j’aurais dû alterner boisson iso et gels-bananes pendant le premier semi-marathon et ne passer au coca qu’ensuite.
Après le km4, sur le long aller-retour (~21km) sur le chemin de halage longeant le Main-Donau Kanal, je parviens enfin à me concentrer sur le moment présent et à prendre mon pied. Décidément, j’adore cette section qui, dans mon imaginaire, est l’âme du marathon de Roth. Beaucoup redoutent ce passage très monotone mais, moi, je ne sais pas pourquoi, je l’adore. Alors je cours (~12km/h entre les postes de ravitaillement).
Le soucis, c’est qu’à partir du km25, on s’éloigne du canal et, pour les 17 derniers kilomètres, on passe à des montagnes russes sur bitume (et pavés bien cassants dans les traversées de Roth). Et ça, mes quadriceps n’aiment pas du tout (ni mes pieds d’ailleurs).
Je continue à courir à peu près bien (sic) entre les ravitaillements mais, désormais, le plaisir s’est envolé et la douleur l’a remplacé. L’aller-retour bien pentu vers Büchenbach via le cœur de ville de Roth ressemble à un calvaire. Les kilomètres s’allongent démesurément mais, jusqu’au bout, je m’interdis de marcher entre les ravitos. C’est ma petite victoire du jour ;)
=> 3h50’49 pour les 42km du marathon soit un chrono final de 10h43’24.
A l’arrivée, je suis barbouillé alors je prends ma douche avant d’aller me restaurer. Mais, dès le premier morceau avalé, je vomis tout (la vengeance du coca !) et suis pris en charge par le service médical. Je passerai les deux heures suivantes allongé sur un brancard sous perfusion de glucose et d’électrolytes… l’expérience ironman complète quoi ;)
Ça me laisse le temps de cogiter un peu sur ces derniers mois :
- ne pas m’entraîner en natation et me contenter de quelques courtes séances en lac un mois avant l’épreuve, ça me coûte 10~15’ sur les 3,8km de natation => OK pour bibi ;
- ne pas faire de séances spécifiques sur vélo CLM (gros plateau sur plat et seuil), ça me coûte ~20’ mais surtout un manque flagrant de puissance et de plaisir sur les 180km de vélo => pas OK pour bibi ;
- me présenter au départ d’un ironman avec un volume d’entraînement course à pied calibré pour un semi-marathon, ça me coûte 10~15’ sur les 42km du marathon mais surtout des quadriceps fracassés et douloureux pendant les dernières heures de course => pas OK pour bibi ;
- enchaîner 2 triathlons distance ironman en 3 semaines à peine un an après avoir cru devoir arrêter les sports d’endurance => OK pour bibi…
… et c’est ce dernier point qu’il me faut retenir pour rester sur une note positive : le DaJo doit objectivement reconnaître qu’il s’en est bien tiré et il doit en être reconnaissant. Et en bonus, il s’est vraiment fait plaisir en s’entraînant sans pression ce printemps ! :)
Enfin, vers 21h, je peux sortir, retrouver Thomas puis Renate et les remercier pour leurs encouragements tout au long de la journée et leur aide tout au long du weekend.
VIELEN DANK MEINE FREUNDE !!
(c) photos Challenge Roth & marathon-photos.com