En 2020, malgré la pluie et le brouillard, j’avais adoré l’édition inaugurale du VERCORSMAN organisée de main de maîtres par Cédric Payre-Ficout et Joël Wagner et leur belle équipe de bénévoles souriants. Alors, quand les inscriptions ont été lancées en novembre pour l’édition 2021, je n’ai pas hésité une seconde.
A l’époque, je ne voyais pas ce triathlon comme l’objectif n°1 de ma saison mais, après mon arrêt brutal du 12 juin et mon inactivité complète pendant les 4 semaines suivantes, il l’est devenu et il a conditionné ma reprise progressive du sport en juillet et mon « entraînement » en août (je mets des guillemets car peut-on vraiment parler d’entraînement en l’absence de toute séance de fractionnés ?).
Période pendant laquelle j’ai vraiment apprécié à sa juste valeur le simple plaisir de pouvoir pédaler sur les pentes du Semnoz, courir en vieille-ville d’Annecy et même nager dans le lac dès le lever du soleil. Mais aussi période de fatigue nerveuse, de doute et d’inquiétude en constatant mon manque d’endurance et mon état de décomposition après les sorties un peu plus longues des weekends. Inquiétude que mes sensations (et débuts de crampes !) lors du Triathlon de la Madeleine du 21 août n’ont vraiment pas levée.
Samedi 28 août, veille de course. Trajet sans encombre jusqu’à Saint Nazaire en Royans et retrait du dossard sous une météo douce et estivale qui marque une belle amélioration par rapport à 2020. De ce côté-là au moins, pas de stress. Pour le reste, c’est moins brillant : je ne suis plus un lapin de l’année en triathlon mais je gamberge toujours autant les veilles de courses et me demande toujours pourquoi je m’impose çà…
Dimanche 29 août, RACE DAY !
Conditions météo idéales si ce n’est ce petit vent du nord (15~20 km/h) qui soufflera toute la journée. Température de l’eau annoncée à 16,8°C mais c’est OK avec une cagoule néoprène et un peu de crème chauffante sur le ventre et le front. 219 partants.
Quelques mots sympas avec Hugues, mon voisin Hydro de parc à vélos, et à 8h35 faut y aller…
Natation : la première balade du jour
Parcours en deux tours dans la Bourne, en amont de sa jonction avec l’Isère. Sens de rotation inverse à celui de l’an dernier (et c’est tant mieux pour ne pas être ébloui par le soleil en 2021)
Départ en une seule vague mais nous ne sommes pas nombreux et les bouées sont plus écartées que sur le Triathlon de la Madeleine alors ça va : pas de stress, pas de mauvais coup et pas de buée dans les lunettes.
Parcours sans trop de dérive, sans lassitude et même avec plaisir en nageant, comme d’habitude en 2 temps. Je n’ai aucune idée de ma vitesse mais je m’en fous.
A la sortie de l’eau, je ne regarde même pas ma montre mais, le lendemain, en prenant connaissance de mon chrono natation, je suis agréablement surpris. Avec 10h30 de natation en tout et pour tout en 2021 (2h en juin, 1h30 en juillet et 7h en août) et aucune séance en piscine depuis juin 2019, que demander de plus ? :)
=> 39’57 pour les 2200m de natation du VERCORSMAN XL
Première transition
Transition encore pourrie mais sans l’excuse du froid cette année. J’ai juste oublié de graisser mes « gros » mollets et ne parviens pas à retirer les jambes de ma combi alors je bataille par terre sous les regards attristés d’adorables bénévoles (je suis pathétique). De plus, en 2021, à la sortie du parc à vélos, il faut se taper une très longue partie pédestre et des marches pour remonter dans le village en portant son vélo => 4’41
Vélo : la balade de résistance du jour
Parcours 2021 pas excellemment décrit sur le site de l’orga (qui correspond encore au parcours 2020) mais mieux sur le guide pdf envoyé aux participants (j’ai souligné les nouveautés 2021) :
Dès la sortie du parc à vélos, la route s’élève avec une première côte de 5km jusqu’au village de Rochechinard. A partir de là, vous vous dirigerez jusqu’à St Jean-en-Royans, début de l’ascension du Col de la Machine, 12km de montée à 6.2% de moyenne. Attention, tout n’est pas terminé en arrivant au Col de la Machine puisqu’en direction de St Laurent en Royans avant de plonger dans la magnifique et très rapide descente, la route sur le plateau est très vallonnée avec de nombreuses relances. Il faudra bien gérer ce passage avant d’attaquer la descente. Petit moment de répits pour rejoindre le célèbre village de Pont-en-Royans avec ses maisons suspendues. Pensez à regarder autour de vous, le décor est superbe, vous entrez alors dans les Gorges de la Bourne. De là, vous attaquerez la deuxième longue ascension de la journée. Cette montée débute en douceur avec 13km à 4.4% jusqu’au village de La Balme de Rencurel. Un ravitaillement vous y attends, avant d’attaquer une sévère grimpette de 2,5 kms à 8,5 % de moyenne. Une fois en haut, petit moment de répit avec 6 kms de descente avant de revenir sur La Balme de Rencurel pour reprendre l’ascension finale vers le col du mont noir. 5 kilomètres à 6,4 % jusqu’au col de Romeyère, puis les 5 derniers kilomètres à plus de 7 % de moyenne sur une route forestière pour franchir le col du mont noir. À partir de là, ils ne vous reste que 30 kms, dont une très large partie en descente. Attention tout de même, la dernière partie de la descente est technique, et une belle surprise vous y attends… Le MUR de l’EDF Vercorsman sur la route du Faucon, 400m à 10 % de moyenne avec des passage à plus de 15 %… Penser bien à enlever la plaque !
Les 18 premiers kilomètres en montagnes russes jusqu’au pied du Col de la Machine sont difficiles. Les pentes sont plus prononcées que dans mon souvenir et les jambes ne répondent pas super bien. Alors je suis prudent et reste sur de petits braquets.
La journée est belle, je ne vise pas un chrono et encore moins un classement. Juste me faire plaisir. Mais je suis quand même un peu trop tendu à mon goût même si je souris devant la caméra d’un reporter…
Montée du Col de la Machine sous le soleil mais quelques nappes de brouillard au sommet qui, heureusement, ne masquent pas les vues spectaculaires de la Combe Laval.
Première longue descente une nouvelle fois très très lente, sans l’excuse de la pluie et du brouillard cette année. Juste la crispation et le stress. Une bonne vingtaine de concurrents que j’avais repris dans la montée du col me rattrapent et me laissent littéralement sur place. C’est un peu rageant mais c’est comme ça.
Traversée de Pont-en-Royans en ouvrant bien les yeux (je suis les conseils des gentils organisateurs) puis remontée des Gorges de la Bourne assez laborieuse. Les jambes ne sont toujours pas supers.
A La Balme de Rencurel, c’est la première nouveauté de 2021 : une bonne bugne de 2,5km à 8,5% de pente moyenne sur une petite route rugueuse en plein soleil. Petit braquet de rigueur mais ça passe bien pour bibi. J’y revois une vieille connaissance de mes années vélo à l’Entente Sportive Seynod Cyclisme, André Cavazzana, toujours armé de son appareil photo, et çà me donne le sourire.
Ensuite, redescente sur une belle route vers La Balme de Rencurel pour reprendre les 5 km de montée du Col de La Romeyère et les 5 km de montée plus pentue sur la route forestière du Mont Noir. Grand soleil et petits braquets une nouvelle fois de rigueur mais j’aime bien et je remonte plein de concurrents.
Arrêt express au point d’eau du Col du Mont Noir pour remplir un bidon et c’est la dernière descente redoutée sur une route plus dégradée que dans mon souvenir. En plus, l’alternance de zones en plein soleil et de zones d’ombre masque les trous sur la chaussée alors ça ne m’aide pas à me détendre (sic). A un embranchement signalé, je réalise qu’on quitte à nouveau le parcours de 2020 et qu’on ne rejoindra pas la belle route de mes souvenirs (grrr).
A la sortie de la zone boisée, passages encore plus spectaculaires que la Combe Laval sur une petite route très étroite en corniche rocheuse avec des aplombs vertigineux. C’est beau mais flippant. Et je flippe et commence à nouveau à être dépassé par de trop nombreux concurrents…
Quelques lacets plus bas, virage à gauche serré sur une petite route encore plus étroite et pentue : la bien-nommée Route du Faucon, plus technique, gravillonneuse et déformée que la descente de Chalvet. Je suis fou de rage tellement c’est flippant et n’ai qu’un mot en tête à l’attention des gentils organisateurs : « criminels !!! ».
En plus, à la sortie d’un virage très serré en bas d’un énième toboggan, c’est le fameux mur avec d’entrée des pentes à plus de 15%. Pas le temps de mettre tout à gauche et je dois prier pour ne pas péter ma chaîne ou rester planté. Je suis véner de chez véner contre les gentils organisateurs.
Heureusement, on quitte enfin cette satanée Route du Faucon. Les derniers kilomètres sont plus roulants et je me calme un peu avant le parc à vélos…
=> 4h54’40 pour les 120km (> 3000m+) du parcours vélo du VERCORSMAN XL
NB: parcours vélo en quasi-autonomie alimentaire (3 powerbars + 2 pâtes de figues + 6 pastilles Rennie + 2 grands bidons de boisson iso plus 1 autre saisi au ravito de La Balme de Rencurel)
Deuxième transition
Transition lente car il faut se retaper en sens inverse et en portant son vélo la très longue partie pédestre et les marches pour redescendre du village jusqu’au parc à vélos => 4’13
Course à pied : la balade finale du jour
Boucle de 7.4km sera à effectuer 3 fois pour un dénivelé total de 160m. 500 premiers mètres du parcours dans les ruelles du village jusqu’au point d’entrée sur l’aqueduc. Traversée de 250m tout en haut de ce magnifique ouvrage à 35m au-dessus du plan d’eau. Reste du parcours plat alternant route et chemin.
En 2021, je ne commets pas l’erreur de 2020 en m’élançant sur la course à pied lesté par un bidon plein. J’emporte juste 2 gels et 4 pastilles Rennie. Je ne me sens pas léger et aérien pour autant, la montée bien raide vers l’aqueduc est laborieuse (sic).
A chaque ravitaillement (il y en a trois par tour), je marche une vingtaine de secondes (soit ~3′ au total), le temps de boire deux gobelets de Coca. C’est un peu de temps perdu à chaque fois mais çà me relance bien et me donne des objectifs intermédiaires pour rythmer mon parcours.
Les trois tours sont courus prudemment, à « l’écoute » de mon ischio droit dont je crains qu’il ne crampe à nouveau. Mais la séance que m’a prodiguée Arno (merci !!!!) et les pastilles Rennie doivent faire leur effet car ça tient.
En 2021, pas de troisième tour euphorique mais je me fais quand même plaisir (à moins que ce ne soit que le soulagement de ne pas devoir repasser là ?) et je regarde enfin ma montre pour me motiver à accélérer. C’est moins flagrant qu’en 2020 mais je prends mon pied dans les derniers kilomètres :)
=> 1h50’07 pour les 22km du parcours course à pied et 7h33’41 sur la ligne d’arrivée du VERCORSMAN XL
Dans l’aire d’arrivée, à chaud et sans filtre, je fais part à Joël, l’un des deux gentils organisateurs, de mes impressions sur la Route du Faucon (sic) avant de modérer mes propos quelques minutes plus tard (re-sic). Il est à l’écoute, souriant et bienveillant alors ça passe bien (je ne sais pas pourquoi mais je sens que ça ne se serait pas passé comme ça avec un certain Gérald…). Quoiqu’il en soit, avec ou sans Route du Faucon, longue vie au VERCORSMAN car, sincèrement, c’est une belle épreuve et une belle organisation !!!
Ensuite, quelques mots très sympas avec André, Florian, Corinne et Laurence avant de tranquillement récupérer mon barda, me ravitailler et reprendre la route vers Annecy.
Au final, je suis heureux bien sûr mais pas tant que ça et c’est ce qui me déçoit le plus de ma part : je n’ai pas su profiter de cette belle journée comme j’aurais pu ou dû le faire.
En 2020, malgré des conditions de courses bien pourries, j’avais conservé une positive attitude qui m’avait surpris et rempli de joie. En 2021, c’est l’inverse : les conditions de course étaient quasiment idéales mais je suis resté tendu et inquiet toute la journée et je n’ai pas pris autant de plaisir que j’aurais dû. En 2020, la pluie et le brouillard étaient à l’extérieur et le soleil dans ma tête. En 2021, le soleil était de sortie mais les nuages étaient dans mes pensées. Je me suis présenté au départ un peu trop stressé et fatigué nerveusement et je n’ai pas su dépasser cet état.
Avec le recul, c’est certain, je changerai de perspective : j’oublierai ces pensées négatives, je serai davantage reconnaissant et je réaliserai que, après mon traumatisme crânien, ma côte cassée et mes semaines de sédentarité forcée de ce début d’été, finir le VERCORSMAN était quand même un beau challenge.
Me restera ensuite à déterminer si c’était en guise de nouveau départ ou de point final. J’aurai tout l’hiver pour me décider…
(c) photos : organisation du Vercorsman