Depuis 1999 et un triathlon moyenne distance dans les flots de la Garonne (distance L selon les standards d’aujourd’hui), je n’ai pas remis les pieds à Toulouse, la ville de mes années étudiantes. Alors, quand les triathlètes du TUC annoncent que, pour célébrer la 10e édition de leur triathlon, ils vont organiser un triathlon format ironman (distance XXL selon les standards d’aujourd’hui), je signe dès l’ouverture des inscriptions en janvier.
D’habitude, je préfère éviter d’essuyer les plâtres avec les nouvelles épreuves mais, cette fois-ci, je fais une exception : l’envie de faire enfin un triathlon ironman en Midi-Pyrénées, l’envie de revoir la Ville Rose et aussi la crainte que cet OCCITAMAN XXL ne soit qu’un one shot.
Vendredi 13 (un signe ?), après une escale chez mes parents, je rallie la base de loisirs de la Ramée à Tournefeuille, dans la tentaculaire métropole toulousaine. J’y retrouve avec plaisir Michel, mon cher compère de l’Elbaman 2016 et du Frenchman 2018. Fidèle à lui-même, il n’a pas pu s’empêcher de faire une halte à Castelnaudary pour ajouter un C à son légendaire « 5C », régime nutritionnel pré-ironman breveté : Cacahuètes, Chips, Camembert, Crème au Chocolat et désormais Cassoulet. Un phénomène ce Michel !
Rapide retrait des dossards en fin d’après-midi avant une soirée tranquille et une nuit agitée mais pas complètement blanche (c’est déjà pas mal pour bibi).
Samedi 14, réveil dès 3h, une bonne heure avant l’alarme, puis préparation habituelle et stretching (j’ai le temps !) avant d’enfourcher mon vieux Quintana Roo vers 5h30 pour rallier le parc à vélo avec tout mon barda. Il fait nuit noire mais, après quelques hectomètres, les rues sont suffisamment éclairées. Il fait déjà très doux et les 4km du trajet sont vraiment agréables. C’est bête à dire mais j’apprécie vraiment ces quelques minutes sur le vélo dans la nuit et le silence.
Michel est déjà au parc à vélos qui s’anime doucement. C’est une ambiance familiale comme je les aime. Petit échange sympa entre nous deux et Benjamin Ferraud (le futur vainqueur que j’ai reconnu car j’aime bien lire les CR de triathlons ô combien détaillés qu’il publie sur son blog) puis, à 6h30, direction la plage pour le briefing. A 7h02, le départ est donné dans la foulée pour les 235 triathlètes au départ de cet OCCITAMAN XXL (c’est familial, je vous dis). Il fait encore nuit.
Natation : un amuse-gueule agréable… mais un peu long
Parcours en deux tours avec sortie à l’australienne, bien balisé par 5 énormes bouées (et un canoë éclairé et éclaireur pour les premières minutes). Température de l’eau 21°C. Parfait.
Pour éviter de prendre un coup dans l’obscurité, je me place tout à gauche de la troupe et je m’isole rapidement. Respiration le plus souvent en deux temps sans stress. Quelques minutes magiques quand le soleil qui se lève enfin embrase le ciel pourtant voilé. C’est rouge comme ça ne peut l’être qu’en Occitanie. Magnifique.
Le retour vers la plage me paraît interminable et je dérive un peu. Plus de 38′ pour le premier tour. Effectivement, c’est lent, très lent.
Deuxième tour dans la même veine, sans dériver me semble-t-il mais le chrono ne s’améliore pas. Pourtant, cet été, j’ai souvent nagé dans le lac à Annecy le matin très tôt avant d’aller au boulot. ça ne se traduit pas sur mes chronos de natation à Vichy ou à Toulouse mais c’est pas grave. Au moins, ces deux IM m’auront donné la motiv pour me lever et profiter du calme de la baie d’Annecy avant que les touristes et les bateaux ne l’envahissent.
=> 1h18’54 pour les 3800m de natation de l’OCCITAMAN XXL (avec ce chrono médiocre, je sors quand même dans le premier tiers… vous êtes sûrs qu’il n’y avait pas plus de 4000m ? ;)
Première transition
Transition une nouvelle fois assez lente (je merde un peu pour enlever la combi) mais RAS => 4’19
Vélo : un plat de résistance copieux comme un cassoulet
Parcours en deux parties totalement différentes :
- d’abord une grosse vingtaine de kilomètres plats mais pas rapides car bien trop urbains à mon goût (ronds-points, ralentisseurs, tranchées de réseaux mal compactées, virages serrés) pour sortir de la métropole toulousaine à travers Tournefeuille, Cugnaux, Plaisance-du-Touch… jusqu’au premier ravitaillement de Bonrepos-sur-Ausonnelle.
- puis près de 140 kilomètres bien plus agréables mais beaucoup plus casse-pattes avec notamment deux tours d’une boucle de 50 kilomètres dans les magnifiques collines du Gers sur des chaussées souvent aussi pentues et rugueuses que le rocailleux accent local.
Malgré un ciel encore très voilé, il fait déjà doux quand j’enfourche mon fidèle Quintana Roo. Après quelques hectomètres très lents pour sortir de la base de loisir sans fracasser ses jantes sur les petits ralentisseurs très agressifs qui se succèdent, je peux enfin me mettre en position triathlète… entre les innombrables ronds-points et ralentisseurs qui vont maintenant s’enchaîner pendant une bonne demi-heure. Heureusement, à cette heure matinale, il n’y a pas encore trop de circulation automobile et les signaleurs font un super boulot pour sécuriser le parcours. Mais je commence à me dire que ça ne sera pas la même histoire pour le retour dans quelques heures…
Après cette première partie, le parcours est plus rural. C’est beaucoup plus joli mais ça monte et, rapidement, je comprends que mes jambes ne sont pas dans un grand jour. Je dépasse bien d’autres concurrents mais pas aussi vite que je le voudrais. Et puis je gamberge un peu : j’ai l’impression que la semelle de ma chaussure gauche a perdu sa rigidité et je m’arrête même pour vérifier que je ne l’ai pas pétée en courant sur le bitume à T1. Mais surtout, j’ai de nouveau un peu mal au niveau des lombaires à gauche. Bref, je ne suis pas serein et les chasseurs qui font une battue à côté de la route ne m’aident pas à me détendre (souvenirs du sketch des inconnus…).
A Sabonnères, commence la boucle à parcourir dans les jolies collines du Gers. Les routes y sont très belles et très peu circulées mais vraiment éprouvantes. Les bosses courtes mais bien pentues se succèdent et, sur la seule section plate au fond d’une vallée, c’est la même tôle ondulée que dans la vallée du Sichon sur l’Ironman Vichy.
Bref, j’en bave et cette boucle (que, bien sûr, je n’ai pas repérée) me paraît interminable. Heureusement, les rares petits villages gersois que l’on traverse, toujours en haut des bosses, sont absolument magnifiques avec leurs canaux et leurs bâtisses en pierres taillées ocres : Sabonnères, Montpézat (une petite merveille !), Monblanc…
A l’arrêt ravito de Sabonnères à la fin du premier tour (oui, il faut s’arrêter aux tables des ravitos vélo de l’OCCITAMAN), je suis déjà bien entamé et j’ai une petite contrariété : pas de bidon d’Isostar, je dois me contenter d’un bidon de flotte (première édition de l’épreuve, essuyer les plâtres… tout ça quoi). En plus, à partir de 11h, le vent d’est se lève et dégage le ciel, la couverture nuageuse n’est plus là pour nous protéger et le mercure s’envole.
Dans le deuxième tour, je suis vraiment isolé, perdu dans la pampa sur une route sinueuse et déserte. J’ai une pensée pour Christophe, notre fanatique d’Embrun, qui n’aime pas du tout çà. Moi, j’adore et ça me rappelle l’Ibericman 2017. Le seul problème, c’est que je n’ai plus grand chose dans les guibolles et plus que des gels Isostars et des bidons de flotte pour les cinquante dernières bornes du vélo (j’ai fini mes quatre Powerbars).
Alors je gère la misère. Je sais que, après le troisième passage à Sabonnères, il restera moins de 10km pour rejoindre Saint-Thomas et qu’ensuite il n’y aura plus qu’une belle descente jusqu’à Bonrepos-sur-Ausonnelle puis une grosse vingtaine de bornes plus urbaines pour revenir au parc à vélos.
La mauvaise surprise, c’est que le vent d’est nous souffle maintenant en pleine poire. En plus, pour éviter les axes les plus circulés (grand merci à l’organisation de nous avoir épargné ça !), on ne revient pas à la base de la Ramée par le même chemin qu’au départ et on se tape un détour (non indiqué sur le parcours initialement annoncé) via de toutes petites routes dont l’une est aussi défoncée que la descente de Chalvet sur l’Embrunman.
Bref, c’est long, très long. Et j’en ai plein le dos quand je pose enfin le vélo à T2.
=> 5h52’35 pour les 177km du parcours vélo de l’OCCITAMAN XXL. A part à Embrun, pas souvenir d’avoir déjà été aussi lent ailleurs…
Deuxième transition
Comme à Vichy, je prends le temps de dégonfler mes pneus (il fait vraiment trop chaud pour les laisser à 7 bars en plein cagnard), enduire mes pieds de crème, enfiler des manchons de compression et des socquettes => 4’25
Course à pied : un dessert trop indigeste pour le DaJo
Parcours en 3 tours sur la base de loisir de la Ramée, différent de celui annoncé sur le site (première édition de l’épreuve, essuyer les plâtres… tout ça quoi). A vrai dire, la TRES mauvaise surprise du jour pour moi : moins de 4km de bitume par tour et le reste sur des sentiers de caillasses, herbeux ou plein de racines (idéal pour se flinguer une cheville) avec pas mal de single tracks étroits et très sinueux dans les bois et quelques talus dignes d’un parcours de cross-country. Bref, tout ce que je déteste…
Comme à Hourtins ou à Vichy cette année, le début du marathon est difficile, très difficile : le soleil cogne fort, très fort et les premières foulées sont laborieuses, très laborieuses. La différence, c’est que je suis cuit complet et vidé dès le début. Alors, j’ai beau essayer de me concentrer sur le moment présent et tenter de me réjouir de vivre ça (sic), j’en chie. Vraiment.
Et les mauvaises surprises à mesure que je découvre le parcours ne contribuent pas à me faire voir la vie en rose (et pourtant dans la Ville Rose… ok, c’est nul). Les cinq ravitos sont un peu trop éloignés à mon goût (ou peut être que je mets trop de temps entre eux ?). Toujours est-il que, pour ne pas mourir assoiffé entre eux, je me résous à courir avec un bidon à la main.
Je m’arrête longuement à chaque ravito pour m’éponger, tremper ma casquette dans l’eau, ingurgiter quelques chips et remplir mon bidon. Mais, entre eux, je ne m’autorise pas à marcher. Je me force à courir, à trottiner plutôt.
Le premier tour me paraît long, très long.
Le second tour me semble interminable, vraiment interminable.
Le dernier tour est une petite agonie. Mais jusqu’au bout, dans la caillasse, dans les talus, dans les single du bois, je trottine.
Et l’arrivée est une petite délivrance.
=> 11h26’13 sur la ligne d’arrivée de l’OCCITAMAN XXL après un marathon en 4h06’00.
J’en ai bavé, vraiment bavé aujourd’hui. Visiblement, j’ai eu les yeux plus gros que le ventre : je n’ai pas récupéré de l’Ironman Vichy ou j’ai mal géré les 20 jours qui séparaient les deux épreuves, trompé par des sensations correctes à l’entraînement. Toujours est-il que, ce coup-ci, j’ai mon compte pour l’année.
Après quelques minutes de réhydratation et de béatitude comateuse dans l’aire d’arrivée, je rassemble mon barda, regonfle un peu les pneus du vélo et retourne tranquillement à ma chambre pour prendre une douche délicieuse.
Puis je retourne sur le site de l’OCCITAMAN pour me restaurer et encourager Michel. Vers 21h, il termine son second tour. Il est encore bien, il a le temps de faire son troisième tour et de finir dans les délais mais il n’est plus motivé. Et je ne parviens pas à le relancer (désolé Michel).
Il ne sera pas le seul à jeter l’éponge : avec plus de 30% d’abandons, cet OCCITAMAN aura fait des dégâts, malgré la gentillesse des bénévoles sincèrement adorables tout au long de la journée.
Road to 50@50 => IM n°30 : checked
(c) photos : organisation de l’Occitaman