L’an dernier, trois jours avant l’épreuve, j’avais annoncé sur ce blog ma participation au marathon de Milan et j’avais intitulé cet article « l’appel des 42km195″. J’ai failli nommer le post de ce jour « l’appel des 226km » mais un éclair de lucidité m’a fait opter pour « l’appel des Monegros ».
Question : les Monegros, kezako ?
Réponse : une région quasi-désertique de l’Aragon, au nord de l’Espagne, à cheval sur les provinces de Saragosse et de Huesca ; densité moyenne 7,36 hab/km² (deux fois moins que la Lozère !) ; capitale Sariñena 4400 hab (sic). Bref un endroit où on ne se marche pas dessus. Mais le coin est quand même assez célèbre car, chaque année, en juillet, s’y déroule le Monegros Desert Festival pour les mélomanes avertis… et endurants.
Mais moi, je ne suis pas un mélomane averti et je ne suis pas encore assez endurant pour m’agiter pendant 20h non-stop sur le sable, sous le soleil et dans un déluge de décibels. Alors ce n’est pas le festival local qui m’attire dans ce coin paumé de l’Espagne (mais pas trop loin de la France).
Non, pour moi, l’appel des Monegros, c’est l’appel du « Monegrosman 226 _ El Triatlon Del Desierto », l’édition inaugurale d’un triathlon format ironman qui s’annonce sans chichi ni drafting (avec ~150 partants, ce serait malheureux) et qui se disputera le… 5 juillet.
Mais DaJo, tu es fou ! Il n’y a que 14 jours entre le Monegrosman 226 et le Challenge Roth. Le Challenge Roth, c’est LE grand objectif de ton année sportive et là, tu vas te tirer une balle dans le pied juste avant !
C’est vrai, en vue du Challenge Roth, c’est une grosse connerie de s’élancer sur le « Monegrosman 226 _ El Triatlon Del Desierto ». Oui mais voilà, j’ai envie.
J’ai envie parce que, ce printemps, la météo a été splendide pour s’entraîner et que je me sens presque prêt trop tôt (d’autant plus que Roth est une semaine plus tard en 2014 à cause de la coupe du monde de foot). Alors, j’ai envie d’en découdre. Vite.
J’ai envie parce que, mine de rien, toutes ces heures passées sur le vélo à m’entraîner seul commencent à me peser. J’aime bien çà mais, sur les dernières sorties longues, j’ai commencé à éprouver une certaine lassitude. Au bout d’un moment, ce n’est plus très fun et je ne suis plus aussi sûr de vouloir remettre çà en août en vue du Challenge Vichy. Me faut bien m’avouer que je suis davantage partant pour une VRAIE coupure estivale sans la pression de devoir remettre en route rapidement en vue d’une échéance rapprochée.
D’un autre côté, je n’ai pas envie de me contenter d’un été 2013 bis avec, « juste » le Challenge Roth. Ce n’est pas que je minimise l’épreuve (au départ, on n’est quand même jamais certain d’aller au bout), c’est plutôt que je ne vois plus très bien ce que le Challenge Roth 2014 pourrait m’apporter de plus que le Challenge Roth 2013 si je l’aborde dans les mêmes conditions (entraînement assez comparable), avec les mêmes perspectives (seul triathlon de l’année) et avec le même état d’esprit (recherche du plaisir en course, pas du chrono). A la limite, j’ai presque peur de ne pouvoir qu’être déçu si çà se passe moins bien physiquement ou si les conditions météos sont pourries le jour J.
Donc, pour mes 40 ans, faute de Challenge hat-trick (cf ce lien pour l’explication de l’abandon de ce projet en avril dernier), j’ai envie d’essayer un truc nouveau, un truc auquel j’ai souvent pensé dans mes belles années sans jamais pouvoir le faire (à l’époque, le calendrier des épreuves n’était pas aussi garni) : 2 triathlons longues distances pour 1 seule préparation.
OK, tu veux tenter le doublé mais pourquoi choisir le Monegrosman 226 ? Le même weekend, il y a le Chtriman 226 ?
C’est vrai et d’ailleurs j’ai hésité car il est possible de s’inscrire à ces deux épreuves jusqu’à trois jours avant alors, sous réserve de pouvoir avancer mes congés annuels d’une grosse semaine, il me semblait judicieux d’attendre le dernier moment et de choisir entre les deux destinations sur la base des prévisions météos : le Monegrosman 226 si les prévisions n’annonçaient pas une chaleur insupportable sur le marathon (plus de 30°C à l’ombre ?), le Chtriman 226 si la pluie n’était pas prévue à Gravelines (vi, je déteste la pluie quand je suis sur un vélo et je ne m’entraîne jamais s’il pleut).
J’ai hésité car, honnêtement, je pense qu’il est plus facile de se protéger du froid ou de la pluie que de la chaleur ou du soleil et que, en vue du Challenge Roth, la récupération du Chtriman serait sans doute moins difficile.
J’ai hésité car, en 2014, ce sera la première édition du Monegrosman 226 alors, forcément, au niveau de l’organisation, quelques plâtres devront être essuyés. Le Chtriman 226 n’en est plus là : l’organisation est désormais bien rodée, le site de l’épreuve bien adapté et la plupart des commentaires qu’on peut lire sur ce triathlon sont positifs.
D’un autre côté, si je voulais vraiment une épreuve différente,une épreuve dépaysante, une épreuve bien roots, à l’ancienne et sans bling bling, c’est vers le « Monegrosman 226 _ El Triatlon Del Desierto » que je devais me tourner. Avec ~150 partants dans un environnement quasi-désertique (et une natation sans combi !), çà risque de ressembler davantage à une petite aventure qu’à un triathlon. L’idée de ce contraste extrême avec le Challenge Roth quelques jours plus tard me plaisait bien.
Et puis, au niveau géographique, prendre la direction du sud vers l’Espagne me permet de passer plus de temps en Aveyron avant de revenir à Annecy et de partir à Roth.
Alors quand, sur le forum d’onlinetri, je suis tombé sur un message de Laurence qui, à cause d’un lumbago, était contrainte de renoncer au Monegrosman 226 et qui cédait son dossard avec l’accord avec l’organisateur, je me suis décidé.
Tu t’es décidé… Fort bien mais alors pourquoi n’as-tu pas intitulé cet article « l’appel des 226km » ?
Pourquoi ? Parce que, si c’est trop dur, si la chaleur est trop accablante pour moi, si je ne parviens pas à me ravitailler et m’hydrater correctement, je ne me battrai pas pour finir coûte que coûte en risquant de mettre des mois à m’en remettre. L’idée, c’est quand même de me faire plaisir… et de prendre le départ du Challenge Roth quinze jours plus tard.
Dans ce cas, je n’attendrai pas les fameux 226km et « El Triatlon Del Desierto » se transformera en un last big training day pour moi. Ce sera :
- le Monegrosman 184 si je fais la natation et le vélo,
- le Monegrosman 194 si je boucle en plus un des quatre allers-retours de la course à pied,
- le Monegrosman 205 si j’atteins le semi-marathon.
Et vous savez quoi ? Du moment que j’aurais pris du plaisir et découvert un autre coin de l’Espagne, je ne considèrerai pas du tout çà comme un échec ! ;-)
(c) photos: page facebook Monegrosman Series