Pourquoi Francfort ? Trois raisons : le pays, la ville et la date.
D’abord l’Allemagne et ses compétitions à l’organisation parfaite et à l’ambiance fabuleuse.
Ensuite, Francfort parce que, du fond de ma Lozère d’adoption, j’ai eu un jour envie de courir un peu au milieu de gratte-ciels sans pour autant quitter la «vieille Europe» (dixit l’autre affreux) et parce que Ryanair pouvait m’envoyer en l’air (facile) pour pas cher entre Montpellier et Frankfurt (ou Francfort… comme vous voulez).
Enfin, le 31 octobre, ce qui me laissait cinq semaines après le dernier triathlon de ma saison estivale. Assez de temps pour récupérer (du moins j’espérais) sans perdre le bénéfice de tout le volume foncier du vélo.
Vendredi 29 octobre, dans l’avion pour Francfort, je fais la connaissance de Fabien. Un marathonien mosellan expérimenté qui, chaque année, court avec ses copains deux des plus belles épreuves d’Europe (Londres, Berlin, Amsterdam…) ou des Etats-Unis (NYC, Chicago). 18 marathons à son compteur et une opinion qui conforte mon idée : l’Allemagne est le pays où les ambiances sont les meilleures. Assez bêtement, nous nous perdons de vue en arrivant et ne nous reverrons pas du week-end. Alors, si tu lis ces lignes ou si un de tes potes le fait, merci de m’envoyer un message pour me donner des nouvelles «post-course».
A la gare, je retrouve Jenny. Ceux qui suivent se rappellent peut-être ?… non ?… bon d’accord, c’est normal. Si vous êtes vraiment curieux, vous pouvez toujours relire mon récit du triathlon Sachsenman du mois de juin. Sinon, passez directement au paragraphe suivant… Elle a troqué sa tenue de NTT pour un tailleur de sexy business lady. Elle m’intimide un peu au début mais elle est toujours aussi souriante et marrante. Malheureusement, pas de grève des cheminots allemands et son train me l’enlève trop vite… sniff.
Installation à l’auberge puis promenade au bord du Main en soirée en admirant la «skyline» illuminée.
Samedi 30 octobre, retrait du sac de course au MesseHalle (palais des expositions), visite du salon et quelques achats sympas puis pasta-party dès 14h dans la FestHalle, sorte de zénith au cœur duquel la ligne d’arrivée du marathon est déjà en place. Bonne ambiance musicale malgré une sono assourdissante avec concerts live. Nouvelles rencontres sympas avec des coureurs locaux. Puis retour à l’auberge et repos le reste de l’après-midi.
Pas de stress car je ne me suis pas entraîné des mois entiers avec cet unique objectif en vue, je me dis que la saison a déjà été bien remplie et que, maintenant, ce ne peut être que du bonus («que du bonheur !» … diraient les joyeux de la crèche). Il me tarde juste d’être à demain pour cette fête.
Dimanche 31 octobre, plus que 42,195 km avant ma coupure annuelle. La nuit a été bonne. Le départ n’est qu’à 11h (midi selon l’heure de la veille) alors pas besoin de se violenter avec un réveil aux aurores. Gros petit déjeuner avec du Sportdèj et des biscuits au fructose en discutant avec une Allemande qui en est à son cinquième marathon cette année après notamment Munich le 10… octobre dernier.
Métro jusqu’au MesseHalle en suivant des coureurs qui ont l’air de savoir où ils vont. Il fait un temps magnifique pour courir, un peu gris, environ 10°C, peu de vent. Seul petit bémol, les sommets des gratte-ciels sont encore dans la brume. Une petite heure d’attente au chaud dans le Hall n°1 en discutant avec deux Finlandais. Quelques allers-retours aux toilettes puis changement de tenue, massage à la crême chauffage pour donner à mes gambettes une belle couleur rouge écrevisse, cinq minutes d’échauffement et entrée dans le sas de départ Asics.
10 361 coureurs au départ (8299 à l’arrivée) mais pas de bousculade ni d’attente pour pénétrer dans ces blocs de départs. Les Allemands sont organisés et disciplinés. Départ dans cinq minutes, présentation des élites au départ. 11h…. PAN !
A peine quelques secondes et je suis déjà sur la ligne. Pas gêné mais rapidement je perds de vue le coureur expérimenté avec qui je viens de discuter et que je m’étais promis de suivre pour tomber les 2h50′. Gros public de chaque côté de la chaussée.
Km 1, passage en 4’15. Hum… faut accélérer un peu. Km 2, 8’16. C’est bon, je suis dans le rythme. Me caler sur cette vitesse même si je n’ai pas l’impression d’être si facile que çà. Pour ne pas refaire la même erreur qu’au marathon de Brescia, je n’ai pas pris le cardio alors il me faudra tout faire aux sensations.
La première boucle de 7.5 km vers le nord de la ville comporte un long faux-plat montant entre les kilomètres 3 et 4 mais, comme nous n’en sommes qu’au début, çà passe assez bien et les quelques secondes perdues sont bien rattrapées sur le retour.
Km 5, 20’13. Quelques gorgées d’eau dans un gobelet pris au vol. Retour au centre-ville sur les larges avenues bordées de spectateurs et de gratte-ciels. Gros boost au moral. Je ne suis pas très facile mais je me régale. L’ambiance, la fête au son des tambours qui résonnent entre les tours aux coins des avenues, le soleil qui commence à percer… le pied ! ! Pas me laisser griser…
Km 9, juste un souvenir au passage entre la tour de la Banque Centrale Européenne et celle de la CommerzBank (259m, la plus haute de Mainhattan) : le vent s’engouffre entre ces géants et, au coin de la rue, un vieux trompettiste fait vibrer «l’ode à la joie» sous les bravos des marathoniens.
Km 10, 39’49. Un gel Powerbar et un gobelet d’eau. Le rythme est bon. Jusqu’ici, tout va bien. Tableau de marche respecté. Passage du Main juste avant le km 12 soit une petite côte d’environ 200 à 300 mètres pour franchir le pont puis une descente équivalente sur la rive gauche de la rivière. Ensuite longue ligne droite d’environ trois kilomètres.
Rester patient. Tenir le chrono mais pas plus. Çà va faire une heure de course mais faut se dire que, pour l’instant, ce ne sont que les 15 bornes «festives» et qu’il faudra ensuite faire 15 kilomètres «concentrés» puis 12 kilomètres de «course» avant de franchir la ligne… C’est quand même pas si facile que çà…
Petite envie de pisser mais, aujourd’hui, je ne suis pas décidé à lâcher si bêtement de si précieuses secondes. Y’a qu’à penser à autre chose… Tè, pour me changer les idées, je vais boire un peu (sic). Km 12, un gobelet d’eau au vol.
Km 15, 1h00’06. Nouveau ravito avec un peu de tout (thé ? iso ? eau, banane…). Au bout de l’avenue, virage à droite et entrée dans un quartier résidentiel avec des voies plus étroites. Pas mal de feuilles mortes sur la chaussée si bien que, aux changements de directions, faut faire attention aux glissades. Quelques relances difficiles à cause de ces nombreux virages mais je suis dans un bon groupe et on se relaie bien.
Km 20, 1h20’17. Deuxième gel Powerbar + eau au ravito. Quelques secondes perdues.
Passage au semi en 1h24’44. Je suis dans les temps pour tomber les 2h50′. S’agit juste de tenir le rythme sans faiblir. Les cuisses commencent à chauffer mais çà me plaît !
Encore quatre kilomètres dans ce quartier résidentiel. Quelques poches de spectateurs avec la musique qui va bien mais c’est moyen. Me tarde de sortir de là…
Km 25, 1h40’18. Ravito au vol avec une deuxième bouchée de banane avant «l’ascension» d’un échangeur routier et d’un pont sur le Main pour repasser sur la rive droite. Quelques kilomètres encore tourmentés avec quelques faux-plats dans le faubourg de Höchst. Çà devient dur mais le moral va bien et les spectateurs nous poussent bien. Je commence à lâcher quelques coureurs et à faire des calculs dans ma petite tête. Dans une heure, ce sera fini.
Km 30, 2h00’23. Troisième gel Powerbar + eau. C’est maintenant que le marathon est censé commencer. J’ai quand même l’impression que çà fait deux heures que j’y suis… Le moral est au beau fixe. J’ai de bonnes jambes même si c’est plus dur qu’au début. Nouvelles longues et larges avenues rectilignes pour retourner vers le centre-ville. Je remonte des coureurs régulièrement.
Km 35, 2h20’28. Besoin d’un coup de boost et d’éloigner le spectre du mur: quatrième gel Powerbar + eau. C’est maintenant franchement assez dur. Les cuisses durcissent et je sens que je casse de la fibre. Surtout ne rien lâcher. Continuer à compter les minutes qui me séparent de l’arrivée pour m’occuper l’esprit.
Km 38, retour sur les avenues des tours et dans le centre-ville piéton pour une dernière petite boucle de quatre kilomètres. Du monde de part et d’autre de la chaussée, des cris, des tambours mais je ne vois plus rien que mes pieds et la ligne bleue. Succession mortelle de relances et de changements de directions décevants qui semblent nous éloigner de l’arrivée alors qu’elle était si proche quelques instants plus tôt.
Km 40, 2h40’42. Dernier ravito, dernier gel Powerbar. C’est noir de monde. Le speaker s’égosille : «David aus Frankreich, letzte zwei kilo !». Merci de l’info… :-)
Enfin retour sur la large avenue rectiligne des gratte-ciels. J’ai l’impression d’être au sprint ! Dernier carrefour, virage à droite, je donne tout. Je ne vais sans doute pas plus vite qu’il y a deux heures mais, la seule différence, c’est que, maintenant, je suis à fond (sic).
Km 42, virage à gauche et entrée sur tapis rouge dans la FestHalle. La techno est à fond, le DJ s’éclate sous des lumières de boîtes de nuit. Géant ! 2h49’16 sous la ZIEL (2h49’08 temps corrigé).
J’ai enfin ma petite référence chrono au marathon et, décidément, cette épreuve me plaît bien. Après course, je ne pense déjà plus qu’à Hambourg, Köln ou Berlin où l’ambiance est paraît-il encore plus fabuleuse !…
PS : quatre jours plus tard… Ayé ! Me suis déjà inscrit pour Hambourg le 24 avril prochain. Des CLM intéressés par l’excursion ?